Macif et IDEC SPORT ont engagé un bras de fer magnifique au large de l’Irlande. Mine de rien, ils ramassent la mise de leur habile louvoyage entre l’estuaire de la Loire et Belle-Ile, en s’extirpant les premiers, hier soir, de la zone de calmes et en semant leurs adversaires. Après leur virement en tribord amures cette nuit, au ras du cœur de la dépression N°1, les deux leaders ont pu enfin ouvrir les écoutes et dépasser les vingt nœuds dans les vents de Nord qui soufflent à l’arrière du tourbillon. Du même coup, leur cap s’est rapproché de la route directe et l’hémorragie avec le Queen Mary n’est plus aussi humiliante pour ces pur-sang habitués aux records.
Derrière Sodebo Ultim’ fait grise mine. Il n’est pas KO, mais il a reçu un premier uppercut qui fait mal. Cachant mal son inquiétude à la vacation ce matin, Vincent Riou (Sodebo) craint, à juste titre, que ses deux adversaires continuent à bénéficier de conditions plus favorables ces prochaines heures et que l’addition ne s’alourdisse encore.
Pour Actual, c’est encore pire. Après avoir réussi à bien s’accrocher le long des côtes bretonnes, il paye avant tout le poids des années qui l’empêche de rivaliser à armes égales avec ses confrères. Sa laborieuse sortie de la zone de calmes lui porte un coup fatal. En poussant vers le Nord, il a fini par attraper lui aussi le flux de Nord-Ouest et va faire fumer les étraves ces prochaines 36 heures. Son seul espoir : voir les conditions s’améliorer et profiter peut-être d’opportunités que les autres n’auront pas…
La stratégie des prochaines heures n’est pas lisse et fait sûrement débat au sein des teams. Avant que la dépression D2, perforée la nuit dernière par le Queen Mary, ne s’associe à D1, l’Atlantique va offrir un temps mort aux équipages. Ensuite ce sera la grande descente de Nord-Ouest tant attendue qui permettra de reprendre quelques milles au bateau amiral de la Cunard. Rester Nord ? Faire de la vitesse pour se décaler Sud ? L’hypothèse de passer sous le centre HP évoqué hier ayant du plomb dans l’aile (trait vert) , la perspective d’un louvoyage le long de la Zone d’Exclusion des Glaces se rapproche.(trait rose). Faisant dériver quelques icebergs vers le Sud Est, les caprices du courant du Labrador ont contraint le comité de course à étirer la fameuse zone interdite ce matin. La modification a été transmise aux concurrents… À eux de jouer...