Entre glace et brouillard
Il va falloir une grande habileté tactique pour se faufiler entre les petites zones de calmes, respecter les contraintes imposées de la Zone d’Exclusion des Glaces et anticiper l’arrivée de la dépression D3 qui arrive par l’Ouest.
Alors qu’il reste encore 2000 milles de louvoyage, rien n’est joué entre les trois premiers annoncés à New York dans la matinée de lundi …
Toute la flottille, Queen Mary 2 compris, rentre aujourd’hui dans une zone extrêmement particulière. C’est la rencontre presque frontale entre les eaux à 2° du courant du Labrador qui poussent vers le Sud les icebergs du Grand Nord canadien, et les eaux chaudes du Gulf Stream qui remonte du golfe du Mexique.
Le choc thermique est unique au monde. Il est à l’origine de plusieurs phénomènes bien spécifiques :
- Dans l’eau : La prolifération d’animaux marins et en particulier de cétacés qui adorent ce mélange chaud –froid et que les navigateurs vont devoir essayer d’éviter.
- À l’interface eau – air : la création de bancs de brouillard qui rendent la navigation dangereuse dans cette zone truffée de pécheurs.
- Dans l’air : La nurserie à dépressions de l’Atlantique Nord qui se nourrit elle aussi de ce contraste et donne naissance aux phénomènes parfois violents qui vont traverser l’Atlantique jusqu’à nous.
Une bonne dose de lucidité et de savoir-faire sera nécessaire aux marins pour sortir indemnes - et si possible vainqueurs ! - de cette route Nord qui avait été fatale au Titanic (étoile rouge) en avril 1912 et que nous allons « survoler » dans l’après-midi.
Bonne route !
Dominic Vittet