Gare aux thons, cétacés et autres gros poissons !
Le quintette de Francis Joyon, longtemps menacé par Sodebo Ultim’, a lui même consolidé sa deuxième position. Il a creusé l’écart face à Thomas Coville et les siens, ralentis ces dernières heures après avoir tapé un animal marin, sans doute un thon, qui a endommagé leur safran tribord. Plus de peur que de mal pour les hommes du troisième bateau, qui ont néanmoins perdu de précieux milles de la bataille. Leur maxi-multicoque navigue désormais avec un petit handicap. Mais l’objectif du bord reste intact : se confronter au meilleur niveau de compétition océanique à d'autres trimarans Ultimes, le temps d’un régate entre géants qui tient toutes ses promesses et ne leur laisse aucun répit à travers Atlantique.
En approche des côtes américaines, tous doivent plus que jamais redoubler de vigilance sur des espaces océaniques où la vie aquatique prolifère. Un état de fait, qui a d’ailleurs encouragé la Direction de Course de la Transat du Centenaire à définir une zone, dite « environnementale », interdite à la navigation dans le Sud-Ouest de Boston. « Je me réjouis personnellement de cette zone d’exclusion, qui concerne la réserve de reproduction des baleines, » souligne volontiers Francis Joyon. « Nous avons été accompagnés hier par un très grand nombre de dauphins. Nous n'avons pas vu de grands cétacés et c'est très bien ainsi. Notre dérive vibre un peu et agit un peu comme un avertisseur de notre arrivée pour les baleines endormies entre deux eaux sur notre route… »
Macif en route vers la victoire…
Des conditions qui se renforcent, des obstacles, des pièges et des embûches, la vie à bord se corse pour les 22 marins sur les rangs de la course les opposant virtuellement au Queen Mary 2, qui a bel et bien traversé l’océan à toute vapeur après 5 jours, 16 heures et 45 minutes de mer. À 350 milles du pont de Verrazano, les trimarans Ultimes doivent, eux, toujours composer dans les vents contraires qui vont prendre du coffre au fil des prochaines heures. « Une zone de basse pression se développe en effet dans le Nord-Ouest de l’état de New York et la région des Grands Lacs. Sa présence comprime un peu plus le couloir dans lequel s’engouffre ce flux d’air chaud et pourrait faire fraîchir les vents de Sud-Ouest aux environs de 25 nœuds dans la journée », explique Dominic Vittet, le météorologue de la course. La mer, actuellement hachée, avec un clapot désagréable d’environ 1,5 mètre devrait donc enfler ces prochaines heures et rendre la navigation un peu plus cassante. Mais rien de très compliqué à gérer pour l’équipage de François Gabart qui commence à sentir le parfum de la victoire. Difficile en effet d’imaginer que ses concurrents puissent lui reprendre près de 100 milles à 350 milles de l’arrivée.