Si Macif mené par François Gabart a fait le break en ce début de week-end, étant le premier à s’extirper de la dorsale anticyclonique s’étalant sous la zone d’exclusion des glaces, l’équipage du trimaran bleu et jaune sait que les prochaines heures vont être spécialement musclées, avec un vent de Sud-Ouest puis Ouest qui va souffler entre 25 et 30 nœuds, et lever une mer casse-bateau. En tête depuis le départ, Macif contrôle parfaitement, naviguant ce dimanche matin à plus de 20 nœuds, toujours au près, environ 300 milles au Sud de la Nouvelle-Écosse. Le plan VPLP, dernier né des trimarans en course, n’est plus qu’à 600 milles de New York, et grâce à ses exceptionnelles performances au près ces dernières heures, a franchement accéléré, pour reléguer IDEC Sport (Francis Joyon) à 70 milles, et Sodebo Ultim' à 140. Sauf avarie, on ne voit pas bien ce qui pourrait empêcher François Gabart et son équipage de s’imposer dans la nuit de lundi à mardi. Actual (Yves Le Blévec), qui progresse sous les bancs de Terre-Neuve dans un froid vif, est désormais à 500 milles du leader. Si l’équipage exploite au mieux le potentiel de l’ancien trimaran de Thomas Coville, il ne peut guère lutter face aux bateaux plus récents. Cette transat disputée par la route Nord, au près et dans des conditions météo plutôt légères, va s’achever dans la brise et toujours face au vent. Comme le disait Vincent Riou (Sodebo Ultim'), ce matin à la vacation de 3 heures UTC, le gennaker n’est pas sorti de son sac depuis la Bretagne… et il va y rester jusqu’à l’arrivée.
Ils ont dit...
Yves le Blévec (Actual) : « Nous sommes actuellement sur les bancs de Terre-Neuve et c’est l’hiver. Il fait froid ! On a quelques bouteilles de Coca pour changer un peu de l’eau du dessalinisateur. On les a mis dans les poches à bout qui sont dehors dans le cockpit, et on a l’impression qu’elles sortent du frigo. Si tu veux avoir la direction du vent, tu regardes dans la direction de New York et le vent vient de là, à peu près. On est globalement dans un régime de Sud-Ouest, et on va devoir négocier un petit minimum (dépressionnaire) près de la zone des glaces. Si les fichiers météo sont bons et qu’on arrive à se nicher dans ce petit trou, on va peut-être sortir le gennaker une heure ou deux ! »
Vincent Riou (Sodebo Ultim) : « On navigue bâbord amures dans 15 à 20 nœuds de vent, au près. On va continuer ainsi quasiment jusqu’à la fin de la course. Il y a un peu de mer et ça « couine ». On n’avait plus l’habitude avec ces conditions tellement clémentes depuis le départ. On va avoir du vent plus fort à partir du milieu de nuit, et ça va se renforcer. On sait que ce sera du près jusqu’à New York. On a utilisé le gennaker dans moins de 5 nœuds de vent au départ à la pointe de la Bretagne, et depuis il est resté dans son sac… et a priori il va y rester jusqu’à la fin. Le petit décalage que nous avons créé avec IDEC Sport en étant un peu plus au vent, c’est une opportunité même si nous n’avions pas trop le choix. Ce va être du louvoyage jusqu’au bout. On va avoir un grand bord bâbord amures qui va nous amener entre la Nouvelle-Écosse et le Nantucket, puis après vers Boston. Ensuite, il y aura une légère rotation du vent sur la droite pour faire route sur l’arrivée en tirant des bords. Une vraie transat de près ! »
Antoine Gautier (Macif) : « La nuit dernière, on a passé la fameuse dorsale… et depuis, on est au près, et ce sera ça jusqu’à l’arrivée. La fin de course va être tonique et on va se faire secouer. On attend entre 25 et 30 nœuds de vent de Sud-Ouest je pense. C’est difficile du coup de donner une ETA (estimation temps d’arrivée) précise, mais ce devrait être dans la nuit de lundi 3 à mardi 4 juillet. Sinon, tout va super bien à bord. Encore une fois, on est bien contents du passage de cette dorsale. On a fait un bon petit coup à nos concurrents. Toute la journée d’hier, nous avons eu des conditions extraordinaires. On a fait des moyennes assez impressionnantes. Nous étions à 27-28 nœuds au près ! C’était super et ça nous a permis de creuser l’écart sur IDEC et Sodebo. Là, nous allons avoir le plus de vent de toute la traversée, et ne sommes pas à l’abri d’un souci tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Il va falloir être vigilant. »