De l’envie de faire revenir le Queen Mary 2 à Saint-Nazaire, à l’idée de THE BRIDGE, en passant par un heureux coefficient de marée, Damien Grimont détaille le comment et le pourquoi d’un défi fou et d'un événement sans pareil. Interview…
Comment l’idée the bridge 2017 a-t-elle germé ?
L’idée a mûri en marge du record SNSM (un événement nautique annuel en faveur de la SNSM, ndlr). Je cherchais un projet identitaire à Saint-Nazaire, capable de créer l’événement. Et c’est du haut d’un appartement qui surplombe le port, avec une vue imprenable sur les Chantiers de l’Atlantique, que tout a commencé. Tu prends conscience que s’il y a bien une cité des paquebots, c’est ici. Et que s’il y a bien un paquebot qui fait rêver, c’est le Queen Mary 2, surtout dans cette ville où des milliers de personnes ont travaillé à sa construction. Il fallait donc réfléchir à un concept permettant de le faire revenir et de le réconcilier avec son territoire, après son départ en 2003 et le dramatique accident de passerelle qui a marqué la fin de son chantier.
J’ai d’abord pensé à créer un record SNSM exceptionnel. Pour rester fidèle au jeu de lettres entre SN et SM, j’ai cherché un nom en M aux États-Unis. Il s’avère que je suis tombé sur Marguerite. Or, Sainte-Marguerite est le nom qu’a donné l’explorateur Giovanni da Verrazano à la baie de New York. Celui-là même dont le pont à l’entrée de la baie porte aujourd’hui le nom... D’un pont à l’autre, le nom THE BRIDGE est venu ensuite comme une évidence. Restait à donner du sens à tout ça. Et puis, en me baladant un jour sur le remblai de Saint-Nazaire, j’ai contemplé le monument du soldat américain et j’ai réalisé l’importance de ce fait historique majeur. Commémorer le centenaire d’un des plus grands débarquements de l’Histoire était le seul événement digne de faire revenir le Queen Mary 2 à Saint-Nazaire. »
Quelles ont été les principales difficultés à surmonter pour mettre sur pied un projet aussi riche ?
Vu de l’extérieur, ça ressemble à un défi de l’impossible. Déjà, faire revenir le Queen Mary 2 à Saint-Nazaire, personne n’y croyait. Émotionnellement, c’était compliqué. Techniquement aussi. Avec ses 11 mètres de tirant d’eau, seul un coefficient de marée exceptionnellement haut pouvait le permettre. Or, le jour du centenaire du débarquement, le coefficient est de 106 ! On va donc pouvoir le faire rentrer dans la forme Joubert. La signature du contrat d’affrètement a été longue à se dessiner aussi. Financièrement ça a été, et ça reste, un sacré challenge. On s’est retrouvé au pied du pont, à se demander comment on pourrait commercialiser 1310 cabines, l’équivalent de trois TGV ! C’est là qu’on a eu l’idée dans l’idée : le Club des 100. Ce Club d’entreprises a été créé pour répondre à une contrainte, il s’est finalement transformé en une opportunité. Les entrepreneurs visionnaires qui le composent ne sont pas des sponsors, ils embarquent en tant que skippers du Queen Mary 2 !
Le club des 100, c’est le fruit d’une réflexion partagée et d'une dynamique associative...
Oui, et c’est l’illustration parfaite de l’esprit THE BRIDGE, un projet qui s’inscrit dans une logique d’ouverture et de co-construction avec les membres de l’association : Patrick Boissier et Francis Vallat, un vrai duo de choc, Yves Gillet, mon éternel partenaire et ami, et Jean-Marie Biette qui est de toutes nos aventures. Ils étaient les seuls capables de relever ce défi fou ! J’aimerais aussi associer Frédéric Vroom et Frédéric Marchand, deux juristes de haut niveau. Sans cette « dream team » d’experts, jamais on n’aurait pu en arriver là.
© P.Plisson/Cunard Images & T.Martinez /Sea&Co/THE BRIDGE