Quand les skippers parlent jazz...

Quand les skippers parlent jazz...

12 October 2016

Le philosophe chinois Confucius disait “La musique donne une sorte de plaisir dont la nature humaine ne peut se passer.” Thomas Coville et François Gabart, skippers de renoms et membre de l’équipage des trimarans The Bridge, ne vous diront pas le contraire…  Nous avons demandé à ces deux passionnés de voile de nous parler de musique et de choisir un des instruments faisant partie d'un orchestre de jazz.

Voici leurs réactions :

François Gabart, le saxo dans la peau

 

«  Je ne suis pas musicien. J'aime la musique mais je n'ai aucune culture jazz. Je ne joue d'aucun instrument, j'ai dû prendre dans ma vie 4 leçons de piano ! Quand j'étais enfant, j'allais plutôt faire des régates d'optimiste !

Par ailleurs, j'écoute beaucoup de musique, je ne pourrais pas m'en passer.

Quand je travaille, cela m'aide à me concentrer. Je m'intéresse à la musique française, au hard rock, au classique, au jazz…»

Ecoutes-tu de la musique à bord de Macif ?

A bord de Macif, j'écoute de la musique mais jamais dans un casque car il ne faut pas que la musique couvre le bruit du bateau.

Je n'ai pas ce qu'on appelle « d'oreilles musicales » mais si je n'avais pas d'ouïe, je serais très embêté à bord du bateau . En effet, sur un bateau, on est constamment en recherche d'information par le bruit. L'oreille est en permanence en alerte. »

Pourquoi avoir choisi le saxo ?

“Pour moi, le saxo est le symbole du jazz !”

Thomas Coville, un épicurien assumé

Titre non renseigné

« Ce qui a changé ma vie, c'est la musique de chambre et si j'adore le jazz c'est parce-qu'il y a une liberté comme dans la musique de chambre. Ces noirs (jazzman) sont allés dans la musique pour revendiquer une identité. Ils ont transmis oralement leur culture soit par des chants soit par de la musique. J'aime beaucoup ce concept de transmission orale parce-que sur nos bateaux, on transmet de la même façon notre expérience.

Quand je navigue, je n'ai pas une partition dans la tête mais j'ai « une sensation du bateau » qui va réagir en fonction du vent de l'eau... Cette sensation, je l'ai dans la tête quand on construit un bateau.

Ensuite, je dois la  traduire en vocabulaire pour les architectes navals, les techniciens...etc

C'est avec des chiffres mais qui finalement sont un vocabulaire. Une fois cette transmission faîte, on fait un dessin qui pourrait être alors une partition. Après le dessin, vient le moule pour faire une coque, puis une deuxième puis une troisième.... puis un mât et des voiles. On assemble tout cela comme une partition encore une fois.

A la fin, il faut que je retrouve la sensation que j'avais au départ. Mais quand vous arrivez à avoir la sonorité de la sensation grâce à tous les gens qui vous ont aidé à concevoir un bateau comme Sodebo, c'est tout simplement EXTRAORDINAIRE !

C'est certainement comme la musique et le type qui a un truc dans sa tête et qui écrit une partition. Ensuite, il l'entend jouer ou la joue devant les autres.

J'aime alors croire que je me rapproche des musiciens.

Avant j'étais plutôt stoïcien, mais c'est obsessionnel de vouloir toujours la perfection. Alors j'ai lâché prise et je suis devenu épicurien ! J'ai accepté que ça ne puisse pas sonner parfaitement. Tu peux rater, tomber et bien tu te relèves et tu recommences. Tu ne vas pas jusqu'au son parfait mais au son qui te plaît. Justement, j'ai longtemps cherché le son parfait ou la course parfaite ou le timing parfait comme souvent les musiciens. »

Ecoutes-tu de la musique à bord de Sodebo?

« Pour moi, c'est un luxe terrible d'écouter de la musique ou de lire de la poésie. Je me l'offre de temps en temps mais comme je navigue à l'oreille, ça me stresse et me gêne d'écouter de la musique et le bateau en même temps.

Nos bateaux sont très exigeants et je suis un compétiteur. »

Pourquoi avoir choisi la trompette ?

« Dans ma sphère proche, ce que j'appelle même ma veille émotionnelle, il y a Alex Tassel, le trompettiste qui m'a fait découvrir cette particularité du jazz . Le jazz d'Alex est assez particulier et j'ai été fasciné par son travail.

Quand on navigue sur nos bateaux, il faut s'entraîner, s'entraîner, répéter, répéter comme un pianiste qui fait des gammes. C'est vrai, j'aurai pu choisir le piano parce-que c'est aussi l'instrument que j'écoute le plus.

J'ai aussi un souvenir d'enfance, une pochette de disque vinyle de Mansfield qu'écoutait mon père. Il y a certainement une résonance particulière à mes parents qui étaient des mélomanes et qui écoutaient de la musique classique. Mais parmi tous ces disques, il y avait ce disque de Mansfield qui ne ressemblait à aucun autre et qui m'a interpellé quelque part. »

The Bridge célébrera le jazz dans tous ses états, invitant stars et autres têtes d’affiches à se partager le devant de sa scène. Rendez-vous à Nantes pour les Fêtes de la Musique le 21 juin prochain pour prendre part à un concert d’exception, lequel brassera tous les styles et les genres et mettra à l’honneur la diversité de la culture musicale américaine.