Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim’, joint ce matin à 3 heures UTC, était rassurant quant à l’état de santé de Thierry Briend suite à sa violente chute. « Thierry est allongé sur la bannette à côté de moi. Je lui parle toutes les demi-heures et ça va. Il a un discours cohérent. » L’équipage de Sodebo, qui avait arraché une partie du safran tribord hier, après un choc avec un gros poisson, a de fait « mis un peu la course entre parenthèse », mais fait route vers l’Ouest, toujours au près, dans des conditions de vent et de mer qui se sont nettement améliorées après le passage de ce front actif générant des vents jusqu’à 30 nœuds. L’ETA de Sodebo Ultim’ (mardi 4 juillet dans l’après-midi heure française) va dépendre de la décision du skipper et de son navigateur Jean-Luc Nélias de se rapprocher des côtes et notamment celles du Nantucket, pour parer à une éventuelle évacuation du marin blessé, bien que ce ne soit pas envisagé ce lundi matin.
Flashé à 22 nœuds en milieu de nuit, Macif poursuit lui sa chevauchée, confirmant que le dernier né des Ultimes est une formidable machine de près. Au louvoyage, dans une mer hachée et 25 à 30 nœuds de vent mollissant, François Gabart et ses cinq équipiers ont abattu 445 milles lors des dernières 24 heures, à 19 nœuds de moyenne. IDEC Sport navigue ce matin à l’Est de la zone d’exclusion tribord amures. Il va revirer au Nord de l’orthodromie pour mettre à nouveau le cap sur New York. Enfin, Actual, en dépit de petits soucis d’énergie – l’hélice de l’hydrogénérateur ayant été arrachée en début de transat – « rentrait dans le front avec les premières gouttes de pluie », selon Yves le Blévec, joint à la vacation à 5 heures ce matin. Le skipper d’Actual est satisfait de constater que le trimaran le plus âgé de la flotte a quand même « beaucoup progressé au près ». Macif est lui attendu sous le pont de Verrazano en fin de journée ce lundi.
Ils ont dit...
Thomas Coville (Sodebo Ultim’) :
« Thierry est allongé sur la bannette à côté de moi. Je lui parle toutes les demi-heures et ça va. Il a un discours cohérent. On a eu une conversation assez directe avec le CCMM de Toulouse afin de savoir si on l’évacuait ou pas. On a envisagé de se rapprocher de la terre, mais finalement la décision qui a été prise est pour l’instant de continuer notre route. Il faut faire attention quand même. Les conditions météo se sont considérablement améliorées même si la mer est restée très hachée pendant longtemps. Là, on sort de la zone de courant qui levait cette mer courte et difficile, et le vent s’est bien calmé depuis trois heures. C’est beaucoup plus maniable maintenant même si on n’est pas à 100 %. On va se rapprocher de Nantucket (à l’Est de New York) au cas où l’état de Thierry s’aggraverait et qu’il faille l’évacuer. Ensuite notre ETA dépendra de ce qu’on décide de faire. »
Benoît Marie (MACIF) :
« Ça va bien. La journée d’hier a été musclée avec une mer très hachée et très courte. On a donc décidé de lever le pied pour ne pas casser. Depuis, la mer s’est calmée et on essaye de faire marcher Macif au mieux. Tout va bien à bord et notre ETA est ce lundi après-midi (heure locale, ndlr). Pour moi qui navigue en solitaire d’habitude, c’est super sympa d’être en équipage. Je me régale. C’est un privilège d’être à bord de ce bateau. Et quand tu as fait la Mini Transat (il l’a gagnée ; ndlr) et que tu te retrouves sur un Ultime avec de telles vitesses, c’est assez extraordinaire. »
Yves le Blévec (Actual) :
« Tout va bien. On a négocié la zone des glaces plutôt pas mal, en contournant de petites zones sans vent. Là, on est sur un grand bord de près et on va traverser un front. On commence à rentrer dedans. On a les premières gouttes de pluie. On attend des vents de Sud-Ouest assez forts, entre 25 et 30 nœuds. Le seul souci qu’on a eu, c’est avec l’hydrogénérateur. On a dû taper un truc dès le premier jour de course et arracher l’hélice. Donc il a fallu qu’on fasse gaffe à notre consommation. Forcément on regarde notre ETA. Nous, ça va nous faire arriver dans la soirée du 5 juillet. Forcément, les autres vont plus vite, mais paradoxalement je suis plutôt agréablement surpris par le comportement du bateau quand il y a plus de 15 nœuds de vent. Il va beaucoup mieux qu’auparavant et les travaux faits cet hiver ont vraiment porté leurs fruits. Au près, on navigue souvent à 110 ou 115 % de la polaire du bateau. Ça il va falloir qu’on rectifie. THE BRIDGE qui est quand même un aller-retour atlantique, puisque je vais ramener le bateau ensuite, est un excellent entraînement en vue de mon programme de fin d’année (un tour du monde en solo « à l’envers » Est-Ouest ; ndlr). »
Gwénolé Gahinet (IDEC Sport) :
« Tout va bien. On a eu un petit souci avec le puits de dérive, mais c’est réparé. Le coup de vent est bien passé. On a eu du vent assez fort et pas mal de mer. Il y a eu quelques manœuvres de changements de voiles entre le J1 et le J2 assez sportives, mais tout a bien tenu. Il fallait gérer et vraiment faire attention au bateau, donc on n’a pas mal dû ralentir. Ensuite, en fin d’après-midi hier, ça a molli à nouveau et on a pu faire du près en bâbord. Là, on est allé chercher un peu de droite et c’est pour ça qu’on est allé virer au plus près de la zone d’exclusion « Charlie ». Nous pensons arriver mardi 4 juillet à 7 heures UTC (9 heures en France). En ce moment, on a 15 nœuds de vent, encore une bonne brume, et la température est bien remontée. Quand on était plus Nord, l’eau était à 12 degrés, et là elle est à 20 ! Il y a des différences de température assez incroyables. »