Inouï ! Ce mot suffit à lui seul pour résumer la carte postale du départ de la Transat du Centenaire THE BRIDGE. Au coup de canon libérateur, 100 ans après le débarquement américain de 1917, le majestueux pont de Saint-Nazaire s’illumina de mille feux, par un spectacle pyrotechnique en plein jour. À cet instant précis, le prestigieux paquebot fit résonner son assourdissante corne de brume pour saluer une dernière fois Saint-Nazaire, sa ville natale, qui lui a réservé samedi un accueil triomphal. Survolé à très basse altitude par un Airbus A380, le liner de la Cunard vit sous sa proue les « 4 Fantastiques » tirer des bords et lui griller la politesse. Escortée par une armada de bâtiments militaires, de canots de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, de navires de plaisanciers et de bateau pilotes, la flotte de THE BRIDGE a pris le large, saluée le long de la côte par les clameurs et les applaudissement de centaines de milliers de spectateurs, aux yeux grands ouverts, le cœur gros et le souffle coupé. Peu après 20h, sous un beau ciel bleu, la silhouette du Queen Mary 2 et des quatre multicoques disparut à l’horizon. Cap sur New York ! D’un pont à l’autre de l’Atlantique, magie et émotions garanties…
La course est bel et bien partie pour les quatre duettistes - Sodebo Ultim’ (Thomas Coville), Macif (François Gabart), IDEC SPORT (Francis Joyon) et Actual (Yves Le Blévec) - et le célèbre paquebot. Après la Coupe du Monde de basket 3x3 à Nantes, après les premiers hommages rendus au jazz et à cent ans de musiques américaines, place au sport et à une grande chevauchée océanique. Une transatlantique d’une intensité rare dans le sillage retour des premiers soldats américains débarqués en juin 1917, qui ont contribué à faire triompher la paix au terme de la Première Guerre mondiale. Historique !
Ils ont dit au départ de Saint-Nazaire
Yves Le Blévec (Actual) : « On a vécu des moments magiques de partage autour de THE BRIDGE, à Nantes, comme ici à Saint-Nazaire. J’ai pris beaucoup de plaisir, notamment à l’arrivée du Queen Mary 2. Mais à présent, il est temps d’y aller. À partir du moment où on a largué les amarres, dans notre tête, on rentre dans la course. On a le déroulé, on ne se pose plus beaucoup de questions. On fait ce qu’on sait faire, et on avance. »
Alex Pella (IDEC SPORT) : « La manœuvre pour quitter le port et rejoindre la zone de départ est un peu délicate. Mais c’est aussi une manœuvre très émouvante à partager avec le public. Il n’y aura pas trop de vent, mais on est très heureux de partir, de bientôt être au contact des autres bateaux. Surtout que cela fait deux ans qu’on navigue dans le cadre d’un record, le Trophée Jules Verne, tout seuls dans notre coin. Il va y avoir des options, c’est sûr, mais au début on aura l’opportunité de pouvoir se mesurer les uns aux autres. »
Thomas Coville (Sodebo Ultim’) : « Il y a un vent thermique qui va se lever pendant la période d’attente, mais plus ça va aller, plus ça va mollir. Demain aussi le vent sera assez faible, puis ça va s’accélérer, avec normalement une route Nord pour nous. On verra le choix des autres. Depuis qu’on est arrivé à Nantes, l’événement est très fort. On a fait beaucoup de choses, on a vu beaucoup de monde et il y a le Queen Mary 2 qui est arrivé hier. Il est le symbole de THE BRIDGE. Mais pour nous, de rentrer dans les écluses, cela nous permet enfin de rentrer dans la partie sportive. Et faire cette première confrontation en Ultimes à travers l’Atlantique en équipage, c’est ce que nous attendons tous. La partie liée à notre passion peut enfin commencer. J’ai hâte d’être au moment du coup de canon et de rentrer dans le vif du sujet. Les dangers sont toujours là sur un départ en Ultimes, et il faudra être vigilant d’entrée de jeu. On sera un peu plus léger vers 21 heures ce soir. »
François Gabart (Macif) : « Le départ, ça va être spectaculaire, je n'en ai aucun doute. Le Queen Mary 2 va sortir de sa forme et se positionner sur la ligne de départ qui est juste en face de Saint-Nazaire. De notre côté, on va progresser à la voile, on va faire en sorte de partir tous ensemble, à 19h, pour faire une belle photo avec une surprise aérienne, puisqu’un « petit » avion va nous survoler en même temps. Pour nous, il s’agira surtout de bien rester concentrés, ces phases de départ ne sont pas évidentes. Le golfe de Gascogne ne sera pas très fort, avec du petit temps. Il faudra se glisser entre les bulles sans vent. La mise en marche sera assez faible, le Queen Mary 2 devrait vite nous doubler. Mais dès mardi, on devrait toucher du vent. »